Le projet photographique "Clair·es-obscur·es" questionne les communs entre les villes d'Aubervilliers et de Saint-Denis, à partir des points de vue personnels et sensibles des habitants et de l'espace public, qu'ils habitent ou qu'ils traversent.
Les espaces publics sont des lieux de sociabilité, de culture. La place publique n'est pas neutre, elle est le théâtre où se jouent les faits de société; son miroir. Les expériences y sont personnelles, sensibles et hétérogènes. Il ne suffit pas de vivre dans un même territoire pour appartenir à sa communauté et en partager les mêmes évidences. 
Les minorités sont invisibles dans la construction de l'espace public, souvent perçues comme des corps étrangers. Peu de rue portent les noms de personnalités non françaises, non européennes, non blanches, non masculines. Il y a peu d'édifices commémoratifs de l'histoire de ces populations, une faible représentation dans les espaces publicitaires. À l'inverse elles deviennent visibles et sur-représentées dans des territoires spécifiques et des rôles sociaux où leur visibilité se fige à des stéréotypes et des stigmates.
Réalisé avec le dispositif de la luminographie (ou light painting), les habitants sont invités à se mettre en scène, en corps et en lumières pour raconter leurs manières d'être, d'être ensemble, d'être ici, d'être d'ici. Dans ces moments, tout devient possible : une maison se transforme en cocon et le ciel en dragon. La pellicule accueille les désirs pour mieux dire les vies. Ce n'est pas le réel, c'est bien plus. Ces images parlent, et elles parlent d'un Nous, cette manière d'être soi et d'être ensemble à la fois.