Fiction photographique, la série Les éternels propose une lecture de la double histoire de la colonisation. D’un côté, le processus colonisateur a propulsé des personnes hors de leur pays, et de l’autre, elle a étendu l’identité française au-delà de son hexagone. Première, deuxième, troisième génération, les enfants de parents immigrés, les personnes d’origine immigrée ou naturalisés sont les éternels étrangers, ceux à qui l’on demande d’où ils viennent. 
Interrogeant le rapport à l’autre et les identités françaises sur le territoire métropolitain, la série repose sur un scénario simple : des Français issus de l’histoire coloniale incarnent des spationautes, se prêtant au jeu d’une mise en scène qui ironise leur statut d’«éternel étranger». Les spationautes embarqués d’Afrique, des Caraïbes ou d’Amérique latine atterrissent sur les toits des villes. Les habitations sont celles des logements collectifs en forme de barre ou de tours, appelés «grands ensembles».  
Le démarrage de la série a été initiée à Saint-Denis et s’est poursuivie à Nanterre dans les grands ensembles HLM qui jouxtent le quartier des affaires de La Défense. La technique photographique employée souligne l’aspect fictionnel des prises de vue. Par des poses longues, nocturnes et éclairées avec des lampes torches, les photographies s’écartent de toute apparence documentaire. Elles transportent les personnages photographiés dans un ailleurs onirique et extraterrestre. De la prima-perception d’étrangers, ces «autres» deviennent aliens.